Georg Friedrich Haendel (1685-1759) naît en Allemagne.. Sa famille n’est pas mélomane, mais ses dons pour la musique sont très vite détectés.
Claveciniste et organiste accompli, il écrit à 19 ans sa Passion selon St Jean.
Ce premier succès lui vaudra une série de voyages à l’étranger: tout d’abord l’Italie où il écrira son premier opéra (il n’a que 20 ans…), puis Hanovre où il sera Maître de chapelle, et enfin l’Angleterre où il s’installera définitivement à 27 ans.
Naturalisé Anglais, il connaîtra la gloire de 1720-1729 en écrivant de nombreux opéras.
Au cours des années suivantes, il sera victime d’une profonde désillusion: Haendel est un ardent défenseur de l’opéra italien, mais le public préfère les oratorios en anglais… Les salles sont à moitié vides. De 1735 à 1736 Haendel n’est plus à l’affiche!
Atteint de paralysie en 1737, il part en cure à Aix la Chapelle.
Dépressif, il songe à retourner en Allemagne, mais début 1741 il part pour Dublin.
C’est alors qu’interviendra un élément capital dans la vie de Haendel (et dans l’histoire de la musique).
Le 10 juillet 1741, Charles Jennens écrit à Edward Holdsworth : « Haendel dit qu’il ne fera rien l’hiver prochain. Mais j’espère pouvoir le persuader de mettre en musique une autre collection de textes bibliques que j’ai réunie pour lui, et de la faire jouer à son bénéfice pendant la Semaine sainte. J’espère qu’il y consacrera tout son génie et son savoir, que la composition surpassera toutes ses précédentes, comme son objet surpasse tous les autres. Son objet est le Messie ».
Haendel se fâche en lisant le livret (Mais pour qui se prend cet homme pour oser écrire sur Le Messie?), puis tombe sur le passage : He is despised and rejected of men… (Il est seul, abandonné, la douleur, l’angoisse amère, les tourments, épuisent ses forces. Il cherche autour de Lui le regard d’un ami, mais personne n’a pitié de ses souffrances)…
Ces paroles sont un tel écho à sa propre vie qu’il se lance à corps perdu dans l’écriture.
Du 22 Août au 14 Septembre, Le Messie est écrit en 21 jours.
Parmi les témoignages de l’époque, on trouve ceux-ci:
Hawkins: « Il ne se laissait interrompre par aucune visite futile ; et l’impatience d’être délivré des idées qui affluaient constamment à son cerveau le retenait presque toujours enfermé. » … « Sa tête ne cessait de travailler ; et, tout à ce qu’il faisait, il ne s’apercevait plus de ce qui l’entourait. Il avait l’habitude de se parler si haut que chacun savait ce qu’il pensait. Et quelle exaltation, quels pleurs, en écrivant ! Il sanglotait, en composant l’air du Christ : He was despised. »
Shield: « Quand son domestique lui apportait son chocolat, le matin, il restait souvent surpris à le voir pleurer et mouiller de ses larmes le papier sur lequel il écrivait. »
Haendel ( à propos de l’Halleluyah du Messie), citait saint Paul : « Si j’étais dans mon corps, ou hors de mon corps, en l’écrivant, je ne sais pas. Dieu le sait. cétait «comme si je voyais Dieu sur son trône, avec les anges qui l’entourent »…
La 1ère représentation du Messie (au profit de la prison et deux hôpitaux de la ville) eut lieu le 13 avril 1742… C’est un triomphe! L’affluence est telle que pour les représentations suivantes, l’annonce demande aux dames de venir sans leurs cerceaux (ceux de leurs robes!) et aux gentilshommes sans leur épée!
Haendel a retrouvé la joie. A Londres, il compose d’autres oratorios, un Te Deum, ainsi que de la musique instrumentale.
En 1750, à Londres, le roi anglais Georges II entend pour la 1ère fois le Messie. A l’issue de l’Alleluia : il se lève immédiatement. De nos jours, la tradition se perpétue en Angleterre.
Bien qu’opéré de la cataracte en 1752, Haendel devient progressivement aveugle… et décède sept ans plus tard. Plus de 3000 personnes assistent à la cérémonie religieuse de ses obsèques qui ont lieu à Westminster.
Extraits de ses œuvres enregistrées par le C.M.C.